dimanche 24 août 2008

Le Samu s'amuse... le samu ça m'use ?


Régulation libérale : (traduction : un généraliste au samu pour éponger les appels qui ne nécessitent pas l'envoi d'une équipe de réanimation et limiter les appels au médecin de garde )

Petit florilège des motifs d'appel au centre 15 ce dimanche soir...

- j'ai fais l'amour pour la première fois il y a 1 semaine, j'ai pris 1 cp de pilule le lendemain (pas la pilule du lendemain), ça peux me rendre stérile ?
- j'ai pris plein de médicaments ce soir, du tercian je crois, mais je me souviens pas ce que c'était car j'ai aussi avalé les boîtes
- mon pere il voit des araignées ds la piscine
- vite je veux arreter de boire MAINTENANT, il faut venir me chercher pr m'amener à l'hopital
- j'ai accouché il y a 3 jours, j'ai les seins qui gonflent, c'est grave ?
- j'ai vu le médecin de garde ce matin pour une angine mais j'ai peur de prendre les médicaments qu'il m'a marqué. La boite est sur la table de la cuisine et je sais pas ce qu'il faut que j'en fasse.
- j'ai mal aux dents, ça peut être un infarctus ?
- je mange plus depuis le mois de mai, et ce soir, je crois que ça va me faire mourir...
- elle s'est trompé de médoc, elle a pris mon tranxène, et maintenant elle dort...
- mon fils vomit, je voudrais une ambulance
- mon gamin de 5 ans a avalé le ressort de la pince à linge, l'acidité de l'estomac, ça va le dissoudre ?
- j'ai mis à mon bébé un suppo de laxatif taille adulte
- j'ai une bague coincée au doigt, les pompiers veulent pas venir, vous pouvez m'envoyer un médecin ?
- j'ai beau chercher, je retrouve pas mon tampon
- je suis enceinte de 7 mois, je viens de faire 8h de voiture (oui, on vient tous les ans dans le même camping) et je contracte, c'est pas grave, hein ?
- j'ai une carie depuis 6 mois sur une dent de sagesse
- j'ai le hoquet
- j'ai une liste de médicaments, vous pouvez me faxer une ordonnance ?
- il a voulu se jeter par la fenêtre, alors on l'a attaché sur son matelas, on fait quoi maintenant ?
- mon voisin cause avec Dieu, ça m'inquiète...
- j'ai voulu pourrir le repas de famille de ce soir, alors j'ai pas pris mon traitement antiepileptique, et maintenant, le repas est fini, j'ai fait une crise en rentrant chez moi. Je peux pas conduire, je voudrais une ambulance pour rentrer chez moi.

vendredi 22 août 2008

Samarcande, de Amin Maalouf




C'est l'histoire d'un manuscrit, recueil secret de poèmes interdits. C'est l'histoire d'un homme, Omar Khayyam, poète persan du XIème s., médecin, lettré, astronome, qui après une gloire immense abandonne les vanités des connaissances pour se laisser aller au vin et à la poésie. C'est l'histoire de son ami, Hassan Saba, fondateur de la secte des assassins.

Et c'est toute l'histoire de la construction de la Perse moderne, de l'Iran, qui défile devant nos yeux, dans le style imagé mais limpide d'Amin Maalouf.

Une grande histoire, un grand moment de bonheur.


"Ne te souviens pas d'hier,
Ne pleure pas pour demain,
Ne crois ni au passé, ni au futur,
Vis aujourd'hui et ne perds pas le souffle de ta vie."

Omar Khayyam


lundi 18 août 2008

"Un externe pour un ecg..."


C'est comme ça que l'on est accueilli en général durant le premier stage aux urgences. Le temps de trouver le réduit obscur du sous-sol (mais il est où ce code de porte ???) où sont empilées toutes les tenues du personnel, par ordre alphabétique pour les médecins, par fonction pour les infirmiers/ères ou les aides-soignant(e)s, et par tas pour les externes (j'ai bien dis tas, pas taille...). C'est donc en train de se battre avec les piles de linges qu'on peut entendre pour la première fois la douce voix de l'interphone sussurer métalliquement cette phrase qui durant 4 mois va finir par nous réveiller la nuit : "Un externe pour un ECG...".

Il faut dire qu'avec déjà deux ou trois ans d'expérience, un externe est un technicien ès-ecg hors pair. Tous les détails de l'anatomie de cet appareil sont connues, les angoisses du manque de papier, du stylet qui n'écrit pas (c'est pas le papier qui est à l'envers ?), de la batterie qui ne marche pas ("qui a oublié de rebrancher la machine hier !!!!"), du gel qui ne coule pas, et puis (splash !) qui dégouline d'un coup, de ces p... d'électrodes à deux balles qu'il faut décoller avec les ongles que je n'ai pas, alors qu'aux urgences, quelle chance, il paraît qu'ils en ont des prégélifiées.... Sympa d'ailleurs, ces petites pastilles rondes en papier accrochées à un fil electrique. Certaines fois, elles ne conduisent pas bien le signal électrique (pas assez de gel ?). D'autres fois elles ne collent pas suffisamment (trop de gel ?), sauf au moment de les décoller (aïeuh, mes poils !!!). Mais elles peuvent servir à beaucoup de choses, la preuve, un patient m'a demander de les lui mettre de côté pour faire une guirlande de Noël avec les fils récupérés !!! (authentique, vrai de vrai !).

Bref, à l'instar du technicien de carglass qui passe souvent à la radio, un externe est un pro de l'électro, n'hésitez pas à faire appel à lui en cas de besoin. Le souci, justement, c'est qu'à force d'enregistrer des petites lignes sur du papier, j'ai eu tendance à me transformer en enregistreur plus qu'en être cérébré. Parce que ce qui compte, au final, c'est l'interprétation, qui a tendance à passer au second plan derrière toutes les contraintes techniques.

Avec toutes ces heures passées derrière cet appareil en tant qu'externe, je me suis dit que ce serait dommage de ne pas m'équiper une fois installé. Et ce n'est que la semaine dernière que j'ai compris à quoi ressemblait le mystérieux S1Q3 que je n'avais jamais rencontré (ou jamais voulu voir). Le monsieur a eu une embolie pulmonaire, il est à l'hôpital et va très bien, et moi je suis bien content d'avoir acheté cette machine et d'avoir perdu autant de temps à coller des électrodes.

jeudi 14 août 2008

z'oreilles



J'aime bien avoir deux stéthoscopes pour amuser le petits nienfants. 
C'est vrai, quoi, si on n'a même pas le droit de jouer au docteur quand on va chez le docteur, c'est pas drôle ! C'est impressionnant de voir comme ils sont formatés, ces petits, pour ne rien toucher (bon, au départ, hein, parce que après quelques minutes et quelques sourires, l'ambiance est déjà bien plus agitée !!).

Donc j'aime bien leur mettre dans les doigts tout ce qu'ils n'ont pas le droit de toucher d'habitude : le stétho, le mètre-ruban, l'otoscope, le bâton-terrible-qui-fait-vomir (comme ça ils sont sûr que je ne l'utilise pas), le marteau à réflexes... Dans ce contexte, la pédiatrie devient plus un jeu qu'une contrainte! Il faut les voir, souvent méfiants au départ, puis intéressés, puis prenant leur nouveau rôle très au sérieux. Maîtres des objets, ils deviennent à leur tour maîtres de la situation. 

Le risque du début de la consultation, c'est que ces petits ne soient qu'un objet de discussion entre adultes. Détenteurs des objets, ils prennent un rôle très sérieux d'acteur de leur examen clinique, de leur corps et de leur santé... et en plus on rigole bien !!

Et le vaccin qui suit fait alors beaucoup moins mal !


mercredi 13 août 2008

La maladie de la girafe (pas très rigolo)




C'est un de ces cours magistraux improvisés devant un box, aux urgences.

Il est tard, les yeux piquent, on ne sent plus vraiment son estomac et on se dit que l'on a dû déjà sauter deux ou trois repas. Et puis un peu ras le bol de toujours rater "le" cas de la garde parce qu'il a fallu faire un énième ECG, pour le petit monsieur qui s'est cassé le bras et qui va être opéré bien plus tard. Il n'a aucun risque ou antécédent cardio, il va être opéré sous anesthésie loco-régionale, mais comme il a plus de 45 ans, l'Anesthésiste (avec grand A) Veut (avec grand V) un ECG...

Et c'est là qu'on croise un chirurgien tout heureux de rencontrer un externe à qui montrer sa nouvelle carte pokémon (enfin, c'est pas une vraie carte, mais je retrouve aujourd'hui dans les yeux de mes enfants la même illumination lorsqu'ils trouvent une carte super rare, brillante avec vachement de points de vie, d'un pokémon méga-fortiche).

"Dis-moi, petit, tu as déjà vu une girafe ? C'est un animal que l'on oublie jamais une fois rencontré. Et bien cette dame, dans ce box (même pas de mon côté du service, d'ailleurs), elle a la maladie de la girafe, regarde bien, sens bien, et tu t'en souviendras toujours !" Effectivement, l'odeur âcre et tenace est tellement forte qu'elle en devient presque visible.

Cette maladie de la girafe, c'était chez cette dame une cellulite infectieuse du périnée, une gangrène de Fournier. J'ai tenu professionnellement le plateau stérile du maître pendant qu'il explorait son futur champ opératoire, en se demandant par où il allait passer pour débuter l'amputation périnéale de la dame. Mais je n'ai pas été un bon élève, j'ai eu du mal à tout regarder jusqu'au bout.

La dame est restée silencieuse. Moi aussi. Encore aujourd'hui, je ne sais pas ce que j'aurais pu dire.

mardi 12 août 2008

Oscar et la dame rose, de Eric-Emmanuel Schmitt



Oscar a dix ans. Oscar est malade, il va mourir et trouve que c'est un peu tôt.
Mamie-Rose est une ancienne catcheuse, elle croit dur comme fer qu'en écrivant à Dieu, Oscar pourra vivre dix ans par jour. Alors il s'attaque à la feuille blanche pour faire part à Dieu des évènements de sa vie accélérée.
La lecture de cette correspondance m'a arraché les tripes. C'est beau, c'est fort. On pleure de douleur et de joie de voir la fatigue en même temps que la sérénité prendre place dans le corps et le cœur de ce petit homme. Il vit ses dix ans, puis ses vingt ans, ses trente ans, ses quarante ans...
Je ne vous donnerai pas son âge actuel, car c'est un roman fait pour laisser un sentiment éternel.

La physiologie de la patate


Certaines questions paraissent sans réponses. Toute fraîche de ce matin : "Dites-moi docteur, est-ce que vous savez comment fonctionne la respiration d'une pomme de terre ? Parce que je voudrais stocker un grand sac de patates dans mon garage et j'ai peur que les gaz d'échappement de la voiture ne rentrent dedans et ne nous empoisonnent..."

Ben non, en fait, j'ai dû sauter le cours de physiologie des tubercules, va falloir que je ressorte mes livres des cartons...

Persistance rétinienne (définitions)













Persistance, [subst. fém.]
Caractère de ce qui reste (dans quelque chose) durablement.
Synon. continuité, durée pérennité

Rétinien, -ienne, [adj]
Qui se rapporte à la rétine, membrane neuro-sensorielle de l'œil, qui reçoit les signaux lumineux, en commence le codage et les transmet au cerveau par l'intermédiaire du nerf optique.

Médecin [subst. masc.]
Réceptacle de souffrances diverses et variées, physiques ou morales. Donneur alternativement de leçons, de conseils, de temps, d'énergie, de bons sentiments, de vie ou parfois aussi de mort, mais en général sans faire exprès.


Réf. Trésor de la langue française, 2008