dimanche 1 février 2009

Lieux d'accueil (1) : l'hôpital-chapelle

Durant la période médiévale, en occident, la tradition judéo-chrétienne associe intimement le fait religieux avec la maladie, et plus encore avec la pauvreté. On considère que donner accueil et soin aux pauvres, mendiants ou pèlerins, c'est accueillir le Christ souffrant. Assistance et Charité sont les maîtres-mots de cette période historique. Quant aux possibilités thérapeutiques, elles sont encore considérées comme dépendantes de la volonté divine.

Deux phénomènes donnent une impulsion majeure au développement hospitalier. Les pèlerinages se développent : Rome, Compostelle, Jérusalem, sans compter les centaines de pèlerinages locaux, de quelques heures à quelques jours de marche seulement. Le second phénomène est l'extension de la pandémie de lèpre dans tout le monde connu. On voit alors se développer dans, puis aux abords des lieux de cultes, des structures d'accueil et de soins pour les pauvres passants, ainsi que des lieux d'isolement pour les lépreux (les ladres) : les maladreries.

Certains ordres religieux se "spécialisent" dans des accueils spécifiques. Les Antonins (création en 1095 dans le Dauphiné) s'occupent des personnes souffrant du Feu de St Antoine, ou mal des ardents (c'est l'intoxication à l'ergot de seigle, donnant des douleurs et des gangrènes des membres. Par extension, et par absence de différenciation clinique claire, ils traitent aussi les souffrants d'érysipèle). Les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem (1099) comme la Milice des Templiers (1118) assurent la protection des pèlerins.

D'autres ordres ont une vocation d'accueil très large. C'est le cas de l'Ordre du St Esprit (créé vers 1180, à Montpellier), qui a pour vocation l'accueil des hommes comme des femmes, pauvres passants, enfants abandonnés, maison de naissance. La plupart de ces ordres essaiment dans toute l'Europe, et sont parfois encore en activité.

L'organisation architecturale, quoique variée, est basée sur le même modèle. L'édifice principal est la chapelle, ou l'église, qui sert de salle des malades. Des frères, vivant dans des 
bâtiments adjacents, y donnent les soins. Pas de bancs ou de chaises comme de nos jours. On y dort, on y mange, les frères y sont inhumés : c'est un lieu d'abri ouvert. Seule l'abside reste dédiée au culte. Peu à peu des bâtiments sont construits à côté de la chapelle, mais celle-ci reste centrale. Même lorsque les structures prennent une grande importance, comme pour les remarquables Hospices de Beaune, l'organisation des salles des malades reste calquée sur la nef d'une église.

- Manuscrit 1039, BM, Tours, "Saint loys fonda lostel dieu de paris", 1498
- Plan de la maladrerie Saint Lazare de Montpellier : la chapelle est au centre et sert d'entrée à l'édifice.
- Grande salle-chapelle des pôvres, Hospices de Beaune : un autel dédié au culte est placé au fond de la salle

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Billet très intéressant ! Bravo !